À trois ans et un peu

Elle est têtue, ma fille

Elle veut sa propre volonté

À chaque but et coin de rue

Et dans le soi-disant ‘super’ marché

Indépendante, cette jeune enfant

Qui casse le front-uni de nuit

En refusant de brosser les dents

Porter son pyjama, dormir?

C’est quoi ça, maman?

Que tu viens de me dire?

Insensible au désespoir de ses parents

Du jour en jour, elle s’amuse

Changer son avis de nourriture

Ce qu’elle va manger et sans pensée

Pour ses vielles âmes qui cuisinaient

Nourrir ses larmes grosses, de gosse

Exagérées l’heure confronté avec

Devant son plat d’entrée de

Végétaux croquants et sans gratin,

Les pâtes sans ni sauce, ni rosmarin

Les frîtes même, sauf le mayonnaise

Pas de cassoulet, pas d’hollandaise

Elle veut le monde à sa façon

Du poisson, un oeuf, du saucisson?

Et non, mais non!  J’en veux pas, maman!

Les céréales, chaque matin, surtout

Quand on a oublié d’achéter du lait frais

Réemplir le frigo, Dimanche?  Et ouais!

C’est qu’elle veut nous tous faire craquer

J’en suis convaincu.  Ses absolues et chaque refus

Nous rendant tous debout, dès le début.

A l’admirer, cette jeune merveille

L’auteur de notre vie en famille entière.

Translation:

At three and a bit

 

She is headstrong, my girl

She wants her own way

At each goal and bend in the road

And in the so-called ‘super’ market

Independent, this young child

Who breaks through our united front each night

By refusing to brush her teeth

Wear her pyjamas, go to sleep?

What is that, mummy?

That you just said to me?

Deaf to the despair of her parents

From day to day she amuses herself

Changing her mind about the food

That she is prepared to eat, and without a thought

For the poor old souls who cooked

To feed the huge tears of a spoilt brat

Histrionics at the point she is face to face with

Her plate of appetisers, some

Crunchy veg without cheese sauce

Pasta with neither sauce nor seasoning

No sausage and bean casserole, no hollandaise sauce

Even French fries, minus the mayo

She wants the world done her own way

Some fish, an egg, some sausage?

And no, but no!  I don’t want any, mum!

Just cereal, every morning, especially

When we have forgotten to buy fresh milk

Refill the fridge, on a Sunday?  Hell, yeah!

She wants us all to lose our minds

I am convinced she does.  Her harsh rules and each refusal

Make us stand and stare, since the beginning

To admire her, this young miracle

The artistic director of our entire family life.

Subtitles

Your much lamented dyslexia

Was the bone of contention

You used to beat me down

When choosing between early Almodovar

And the Nouvelle Vague.

We each spoke one language

But reading between the lines

Proved impossible.

Dieu et mon droit

La marche de l’extrème
Droit-gauche, droit-gauche
Chaque pas frappe le terre
Agaçant l’Europe

En train de convaincre
Les gens de leur peur
À fin de rappeler
À la foule la Terreur

Qu’il saurait ce soir
S’armer, dirigée
Persuader l’armée
De se reveiller

Et cracher par terre
La voie retrouver
Droit-gauche, droit-gauche
Vers le pouvoir du Pays

M-B-D

Metro – boulot – dodo
Mais ce tri-rhythme ne fait pas
Mention aux heures passees
Entournee de la foule des sots
Les inanites quotidiens
Qui font partie du vague
De violences et d’impuissances
Qui me pervadent
Quand on se trouve fermee
Comme un veau, sous le sol
Dans le foutu metro

Et au bureau – faisant boulot
On bosse, point. Et pourtant
Le chef, il dort dans son cabinet
A sentir couler du robinet
L’eau de vie et du passe
Vos esperances; amours frustres
Pendant qu’on fasse ses devoirs
Comme si on se trouvait toujours
Au lycee, devant un mec aine
Qui s’est convaincu – c’est pas a lui
De faire ce qu’il faut de quoi qu’il soit
Et tout ca commence avec un mot
Son bonjour-argot ”pret, le cafe?’

Alors, qu’est-ce qu’on fait
Au moment du rentree?
Mais dormir – c’est ca
Apres chaque journee.

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Tube – desk – bed

Tube – desk – bed
But this triple rhythm does not
Make mention of the hours spent
Surrounded by the crowd of fools
The daily inanities
Which make up the wave
Of violence and frustration
Which seeps into me
When I find myself enclosed
Like a veal, underground
In the fucking tube

And at the office – beavering away
One slaves, full-stop. And meanwhile
The boss, asleep in his cubicle
Listens to the tap dripping
The water of life and of the past
Your hopes; frustrated loves
While one does his duty (for him)
As if one were still
In school, in front of an older boy
Who has convinced himself it isn’t for him
To do what he ought, of whatever it is
And the whole thing starts with a tiny phrase
His greeting-slang ‘Is the coffee ready yet?’

So what does one do
When one reaches home?
But sleep – that’s all
After every single day

Chanson de guerre

Les gens qui font la guerre
chez-eux ou bien à l’étrangère
n’ont jamais ni jamais comprises
ce qu’ils font à la belle patrie.

Les hommes vont mourir sans mûrir
les femmes seront laissées toute seules
enfants n’auront plus aucun père
et les enseignants assez de guerres.

Mails ils font la guerre chantant
pour gagner leur montant
ils font la guerre criant de joie.
Et leurs mères et leurs sœurs
et leurs filles et toutes celles
n’auront rien plus à faire que pleurer.

Mes enfants de la patrie
entendez comment je vous supplie!
N’avez plus rien à faire de combattre
Vous vous heurtez le mur de la belle cimetière.

Mes enfants, chers enfants de notre avenir,
Je vous avise contre la guerre de nos guerres.
Car tout le monde sait deja comment on tue
Et on n’aura plus rien pour quoi vivre dessous.

Lâche

La douleur de son existence compris,
Il n’a jamais plus souffert,
En choisissant ne pas considérer
Combien peut coûter un amant.
Comme toi sa lâcheté serait
La chose que lui a tout sauvée
Et tous les deux vous cachez bien
Vos cœurs en peur d’aimer.

Je veux vivre ce douleur qui porte
Aussi que tant de joie.
Savoir aimer nous donne du force
Plutôt que désespoir.
S’il me faudrait d’attendre tous les
Ans pour entendre ton pas,
Je le ferai aussitôt pourque
Je me portait tant de grace.

Prière

Mon père, qui m’a donné de vie
Je vous demande plus rien
Mais la possibilité de le vivre
Sans interruption, sans me plaindre.
Je manquerai des choses –
La détresse, la douleur –
Ce sont des dons particuliers
– gardez-les pour toujours
Et je garderai ma joie
Ma félicité, mes sourires
Contre ceux qui me voudront
Faire pleurer – gardez mes larmes
Pour vous.
Tout va déjà si bien
Je n’ai pas d’envie de changements.

Les Oiseaux

Les femmes sont comme les oiseaux.
On a certaines grandes specimens –
Celles aux chevelures tres compliquées
Colorées, parfumées, coudues jusqu’aux oreilles
Pour les faire sourire,
Et d’autres qui presque se cachent
Afin de se meler aux murs,
Se protéger dans une forêt
D’humanité grise et passive,
Et ne jamais se faire remarquer
Par celles qui les mangeraient,
Chance donnée.

Jean Pierre, Clochard

Le clochard qui bu
Jusqu’au coin de la rue
A ses valides raisons
Pour le faire

Il n’est riche ni propre
Mais ce qu’il a de trop
C’est une vie passée
Là en pleine aire

Il s’en fou du télé
Et du pays entier
Il n’a pas d’intérêt
Dans le foot

Mais il se trouve content
Ses amis là en front
Et le goût du bon vin
À la bouche

Belonging

Le déjeuner prêt dans ma tête
Je sors, l’éstomac toujours vide.
Le mémoire m’aide plus à m’en
Souvenir des choses dont j’ai été
béni de connaître pendant la vie.
Ce vie, ma vie.
J’ai perdu le fil, et d’un coup
Tout la toile s’etouffe.
Les ficelles étant autant confusés
Que tout l’histoire est ruiné.
Mon histoire en ruines!
Je ne sais plus comment y’en croire.
Il me manquent les preuves,
les petits aides-memoires
Où sont-les?  Je me sens seule.
Le monde m’entourne avec ses
Médecins, ses hôpitaux, ses maris,
Ses enfants, ses routines…
Et je le reconnais de moins en moins.
Chaque jour, à chaque pas,
Il est nouveau, le tout.
Et j’y appartiens plus.